Karine FREYMANN possède assurément une sensibilité hors du commun qu’elle exprime depuis bientôt quinze années avec talent dans une production artistique discrète d’abord, puis par une présentation au grand public de ses œuvres, dessins et peintures, mais aussi par des expositions en galerie.
Portraitiste hors pair, Karine s’est faite une spécialité dans la représentation débordante d’humanité et de réalisme de sujets plus porteurs dans l’expressivité remarquable de leur personnalité qu’elle leur a donné. Plus encore c’est le poids des ans, la difficulté de vivre, de faire face à la vie qu’accusent les portraits. Pour autant, le dessin est pur, monochrome, simple en apparence.
Dessinatrice observatrice, Karine propose dessins et toiles représentant des personnages dans leur simple nudité, mais porteurs des mêmes stigmates de l’existence. Dessins au crayon ou à l’encre de chine, les œuvres sont belles de par la précision des traits, leur très grand dépouillement, mais encore ici l’œil est retenu du fait de
l’extraordinaire contraste entre les formes portées sur les supports et par la perception qu’il en retire. Toiles traitant des corps sont réalisées avec la même facture, une présentation des postures et attitudes empreintes de tensions et contractions, de douleurs peut-être que n’occulte nullement le choix d’une coloration le plus souvent monochrome presque sans nuance ou fioriture.
Chacun appréhende les choses et objets, son entourage, les événements et situations ainsi que les gens avec sa capacité sensorielle propre, visuelle notamment, et un vécu personnel participant de leur interprétation. C’est ainsi, en effet, que se fait la restitution par l’œil humain de ce qui est perçu avec, il est vrai, plus ou moins d’exactitude, d’acuité, de lucidité.
L’éveil d’abord aux choses de sa proximité immédiate à l’état enfant, puis plus tard à celles du monde, suscitant une perception très sensible, toute personnelle, mais aussi pour le partage avec autrui, l’acquisition par l’échange culturel, facilitent l’appréhension du beau qu’elle oppose au laid, du plaisir qu’elle différencie de la gêne, voire d’un total déplaisir.
L’expérience de la sensation de sécurité, évaluée par rapport à un danger latent que semble représenter, par exemple, la crainte presque superstitieuse du néfaste, de la force de la nature, de la violence d’autrui.
Artiste aux sujets réalistes, Karine FREYMANN ne trahit pas ses sujets, elle en transcende la représentation en révélant par regard si particulier que l’on croirait volontiers extralucide si bien servi par ce graphisme sans concession, leur part d’humanité cachée.
Si proche de ses modèles, réels ou virtuels, Karine en respecte l’identité, la nature profonde certainement porteuse de tragédie. Assurément les aime. Peut-être les porte-t-elle en elle comme une vision secrète dont elle nous livre, comme une révélation, l’existence à chaque exposition.
SERGE ALIX Médiateur artistique